Ce matin, j’ai préparé une soupe avec les feuilles flétries des salades vertes .
Cueillies un peu tard, oubliées dans le potager
La soupe a cuit, reposé et je ne l’ai pas goûtée de suite.
J’ai d’abord attendu .
J’ai accepté (pas facilement) cette attente, ce creux, ce manque.
Prendre le temps, du temps pour offrir à tout l’univers ces feuilles vertes reçues, préparées et maintenant devant moi
Recevoir et donner en cadeau un repas tout simple, fait des petits restes
L’immensité de la terre dans mon assiette
Dans ce travail je donne l’attention, l’eau, les gestes, le travail et le regard quotidien
Et je reçois en retour les légumes . j’apprends l’humus-humilité et la patience.
Aller retour, l’un et l’autre et un tout, tout ensemble.
Est-ce cela donner ? Avoir confiance
C’est peut-être aussi juste
Cette attente, ce petit temps entre chaque moment dans une vie bousculée
Cet instant pour écouter le mistral repousser les cyprès vers les abricotiers pour entendre les paroles de Françoise, d’Eva, de Marie sur Skype et les laisser traverser l’espace qui nous sépare,
l’espace qui nous réunit dans la distance
Trouver et offrir la présence, la chaleur
J’ai passé cette retraite à écouter,
Écouter du fond de mes peurs ce quelque chose qui se creuse ce quelque chose à l’intérieur qui bouge quand survient l’invisible
Au moment du chant du rossignol ou du vol du rollier aux ailes bleues
A chaque instant recommence la vie
L’attendu s’éparpille en cascades revient à l’envers à l’endroit
J’ai décidé de faire la liste des prévus pour que s’y glissent les imprévus
Le cœur ouvert et l’esprit plus clair
J’ai essayé de m’arrêter pour m’organiser un peu mieux
Donner, recevoir, donner
A l’infini
A tous ceux qui font route
A mon fils qui est si loin
A ma mère qui perd force
A Magali, ma voisine contre l’évidence de deux cancers
A vous la Sangha, qui étiez avec moi entre les lignes, pendant cette retraite
A Sensei, qui l’a ouverte, qui l’a fermée, qui lui a donné cœur et sens