Ecobouddhisme : la réalité de l’interconnexion.
Ce n’est que lorsque nous mettrons ensemble notre inquiétude pour la planète et notre pratique spirituelle que nous aurons les outils pour la transformation personnelle profonde nécessaire pour faire face à cette crise environnementale qui arrive. Thich Nath Hanh nous guide vers une nouvelle écospiritualité, basée sur une vie consciente et attentive.
« Nous sommes comme des marcheurs endormis, ne sachant pas ce que nous sommes en train de faire ni vers quoi nous nous dirigeons.
Que nous nous réveillions ou pas dépend de notre possibilité de marcher sur cette Terre avec attention, en pleine conscience. Le futur de toute vie, y compris la nôtre, dépend de nos pas attentifs : nous devons écouter les cloches de l’attention qui sonnent partout sur cette planète.
Nous devons commencer à apprendre comment vivre de façon à ce que le futur soit possible pour nos enfants et nos petits enfants.
Je me suis assis avec le Bouddha pendant longtemps et je l’ai consulté sur ce problème de réchauffement global et les enseignements du Bouddha sont très clairs. Si nous continuons à vivre comme nous vivons, consommant sans une seule pensée pour le futur, détruisant les forêts et émettant des gaz de serre, alors un changement de climat dévastateur est inévitable. La plus grande partie de notre écosystème sera détruite, les niveaux de la mer s’élèveront, les villes près des côtes seront inondées, obligeant des centaines de millions de personnes à fuir leur maison, créant ainsi des problèmes de toutes sortes.
Nous avons besoin d’un Eveil collectif.
The World We Have, Thich Nath Hanh. In : https://www.lionsroar.com/the-world-we-have/
Comme le Bouddha, nous aussi nous devrions regarder autour et être attentifs parce que tout ce qu’il y a dans ce monde est prêt à nous aider à apprendre. Même si nous n’avons qu’une parcelle de sagesse intuitive, nous serons capables de voir clairement les modes d’être du monde. Nous arriverons à comprendre que chaque chose de ce monde est un enseignant : les arbres et les vignes, par exemple, peuvent nous révéler la nature véritable de la Réalité.
Avec cette sagesse, il n’y a pas besoin d’interroger qui que ce soit, ni d’étudier. Nous pouvons apprendre de la nature suffisamment pour être éveillé parce que tout suit le chemin de la vérité. Rien ne diverge de la vérité. Ajahn Chah.
Les enseignements et la pratique bouddhistes sont appelés Dharma ce qui signifie Vérité et Chemin vers la Vérité.
Le mot Dharma signifie aussi “phénomène” et ainsi nous pouvons considérer que tout ce qui est, est à l’intérieur de la sphère des Enseignements. Tous les phénomènes intérieurs ou extérieurs, l’esprit et son environnement, sont compris comme étant inséparables et interdépendants.
Durant sa vie le Bouddha réalisa que la notion qu’il existerait une entité isolée est une illusion.
Toutes les choses sont inter-reliées, nous sommes interconnectés : nous n’avons pas d’existence autonome. La santé du tout est inséparablement liée à la santé des parties, et la santé des parties est inséparablement liée à celle du tout. Chaque chose dans la vie apparaît à travers des causes et des conditions.
Beaucoup d’enseignants bouddhistes ont mis l’accent sur la relation naturelle entre l’écologie profonde et les Enseignements du Bouddha : « La réalité de l’interconnexion entre êtres humains, société et nature va apparaître de plus en plus au fur à mesure que nous retournons à notre santé fondamentale, lorsque nous cessons d’être possédés par l’anxiété, la peur et la dispersion du mental.
Entre les êtres humains, la société et la nature, c’est nous, êtres humains, qui devons commencer à effectuer un changement mais afin d’effectuer ce changement nous devons nous guérir nous-mêmes, nous devons redevenir “Un”. Puisque pour guérir, nous avons besoin d’un environnement favorable, nous devons chercher la façon de vivre qui nous libère de la destruction de notre propre humanité.
Les efforts pour changer l’environnement et pour se changer soi-même sont tous deux nécessaires mais nous savons comme il est difficile de changer l’environnement si les personnes elles-mêmes ne sont pas dans un état d’équilibre ».
Thich Nath Hanh
Pour protéger l’environnement, nous devons nous protéger nous-mêmes en opposant la générosité à l’égoïsme, la sagesse à l’ignorance et la gentillesse aimante à la haine. La présence attentive, la compas-sion, la sagesse, l’absence de moi sont l’essence du bouddhisme.
La méditation bouddhiste nous rend capables d’être conscients des effets de nos actions, y compris celles qui sont destructrices de notre environnement.
La présence et la compréhension claire sont au coeur de la méditation bouddhiste, la paix est réalisée lorsque nous sommes attentifs à chacun de nos pas. Pour recevoir les dons de la nature, il nous faut respecter notre environnement.
Lorsque nos cœurs sont généreux, alors le ciel est généreux avec nous ; les arbres sont comme notre mère et notre père, ils nous nourrissent, ils nous donnent tout ce dont nous avons besoin : fruits, feuilles, branches, tronc.
Ainsi lorsque le Dharma, la Vérité s’étend grâce à nous, nous nous protégeons nous-mêmes et nous protégeons notre environnement.
Ceci est le Dharma du Bouddha : nous sommes une partie de la grande famille vivante, tous les êtres ont la nature de Bouddha. Reconnaissant cela, alors nous pourrons nous asseoir, parler et être toujours à l’aise et en paix.
Je prie pour que cette réalisation s’étende dans ce monde troublé et qu’elle amène l’humanité et la terre à leur meilleur. Je prie pour que nous tous réalisions la paix dans cette vie et que nous sauvions tous les êtres de la souffrance. La souffrance du monde a été profonde ; de cette souffrance peut naître une grande compassion qui nous donnera un coeur paisible.
Maha Ghosananda
Beaucoup de pratiquants bouddhistes ont trouvé dans une des idées centrales du bouddhisme, le principe de l’interdépendance, une vision écologique qui intègre tous les aspects de l’écosphère, individus et espèces, en termes de principe de codépendance mutuelle.
A l’intérieur de ce modèle cosmologique, les entités individuelles sont relationnelles de par leur véritable nature, sapant ainsi le “soi” autonome, qui est toujours contre “l’autre”, que cet autre soit humain, animal ou végétal.
Donald Swearer