Month: octobre 2021
Pour une écologie poétique
Et puis, à développer, à creuser mon travail des mois à venir : « Pour une écologie poétique »
– pour commencer avec E. Morin :
Nous avons besoin d’une prise en considération de notre réalité humaine qui est biologique et animale. Nous sommes des primates, des mammifères, des vertébrés, des polycellulaires..
Il faut comprendre que nous avons bien plus besoin de la nature que la nature a besoin de nous. Elle a besoin que nous ressentions des liens aimants avec non seulement nos animaux familiers, mais le monde animal et végétal. Elle a besoin de nos émotions poétiques devant les mers, les montagnes, les vols d’oies sauvages, la majestueuse sérénité des grands arbres.
Nous ne devons jamais oublier que nous sommes des vivants au sein d’un monde vivant. Nous devons comprendre que les écosystèmes et la biosphère qui englobe les écosystèmes sont des merveilles d’auto-organisation spontanée et autorégulée.
Edgar Morin, L’humanité de l’humanité.
Planning et Uposatha
Joshin Sensei :
Paris : samedi 6 Novembre : https://www.nousasseoirensemble.org/planning
La Demeure sans Limites
– du 10 au 14 novembre : retraite d’hiver « La patience : Kshanti ».
Fermeture : du 23 novembre au 1er décembre.
https://www.larbredeleveil.org/lademeuresanslimites/programmes-de-la-demeure-sans-limites/2021-11/
À venir : du merc. 29 déc. (16h) au dim. 2 janvier (11h ) à Chantebise, Saou (26) :
Retraite de fin d’année « Le Cercle de la Voie », avec Joshin Sensei et Jokei Sensei :
YouTube : Méditations et partages sur YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCq-TEtavg07XzU2PmV3X0kA
Lundi et samedi : 8h30, vendredi 20h.
Uposatha :
Lune nouvelle : Jeudi 4,
Pleine lune : Vendredi 19,
Pour nous rejoindre : https://framadate.org/vWGsjJ1d3C7pU5vG
Engagement ?
Quel engagement pour une personne de la Voie ? C’était la question, posée dans un N° de janvier de ce bulletin, Daishin « L’Esprit Vaste ». Mais une autre question, la question de départ en fait, n’était pas traitée : qu’entend-on par « engagement » ?
Pour nous occidentaux du 21ème siècle, ce terme fait le plus souvent référence à une participation à la vie publique, sinon politique ; à un mouvement, à un groupe, ou à un parti.
On voit que ces dernières années « l’engagement bouddhiste » se situe plutôt soit vers l’écologie, ceci surtout aux Etats Unis, soit vers l’engagement compassionnel, soins palliatifs et fin de vie.
Ces deux mouvements se comprennent bien : il est certain que les Enseignements nous amènent à « prendre soin », et que nos conditions de vie actuelles nécessitent cette attention, ce changement de vie vers le moins d’avoir, vers le refus de l’avidité d’avoir toujours plus, quelles que soient les conséquences, prendre soin des autres, comprendre et essayer d’alléger la souffrance liée à l’impermanence est aussi metta en actes. Mais je ne crois pas que cela, qui est toujours possible, soit le tout de l’engagement d’une personne de la Voie.
L’engagement, notre engagement en tant que bouddhistes, a de nombreuses formes, tant dans le personnel que dans le public. Ne croyons pas que nous devrions nous conformer à des tendances.
Il me semble que c’est ce qu’Ajahn Chah appelle « l’engagement pour la Vérité » : nous avons à trouver, à travers le Bouddhadharma, la Vérité de notre vie.
Le premier engagement est celui que nous recevons avec le rakusu, l’engagement d’une vie activement tournée vers la fin de la souffrance, la nôtre et en même temps celle de tous les êtres. Nous nous engageons d’abord à essayer de mettre en conformité nos actes et notre compréhension du Dharma.
Joshin Sensei
Nombreux sont ceux qui sur la voie spirituelle, cherchent à transcender tout désir/impulsion à obtenir ou détruire, attachant beaucoup d’importance au détachement. Ils sont réticents à s’engager dans le tohu-bohu du changement sociétal/social.
Ils évitent souvent de regarder les manières dont eux-mêmes bénéficient des systèmes qui perpétuent cette oppression.
Plusieurs bouddhistes semblent comprendre la signification du détachement comme une liberté par rapport au monde et une indifférence à son devenir.
Mais le Bouddha enseigna le détachement de l’ego, pas le détachement du monde. En réalité, le Bouddha était suspicieux envers ceux qui tentaient de se détacher du monde matériel.
En faisant référence aux yogis qui se mortifiaient les chairs afin d’atteindre la libération spirituelle, le Bouddha comparait leurs efforts à ceux d’un chien attaché à une corde à un pieu au sol.
Il disait que plus ils essayent de se libérer de leurs contraintes
corporelles, plus ils tourneraient en rond et se rapprocheraient du pieu, pour finalement s’enrouler autour.
Même quand vous voyez le monde comme un piège, vous pouvez quand même ressentir un élan de compassion pour aider les êtres qui souffrent. Dans ce cas, le personnel et le politique sont souvent perçus de manière séquentielle : « Je vais d’abord trouver la paix intérieure, puis je me joindrai aux troupes pour arrêter la guerre ».
Ceux qui ne sont pas engagés dans des quêtes spirituelles le disent différemment : « Je vais d’abord m’occuper de ma tête, faire une psychanalyse, dépasser mes inhibitions et névroses ou blocages, et seule-ment ensuite j’irais patauger dans la mêlée ».
En présupposant que le monde et le soi sont fondamentalement séparés, ils imaginent qu’ils peuvent guérir l’un avant de guérir l’autre.
Cette attitude donne l’impression que la conscience humaine occupe une sorte d’abri, de refuge -indépendants du monde et de la vie collective- et puis qu’elle entre sur le terrain de jeu seulement lorsqu’ils sont préparés et prêts à agir.
Joanna Macy,
Traduction : Sabine
La Terre, témoin de l’Eveil
Mara aurait-il pris une nouvelle forme aujourd’hui, celle de notre propre espèce ? Tout comme Mara a revendiqué la place assise du Bouddha, l’Homo sapiens affirme aujourd’hui, en fait, que la seule espèce réellement importante est lui-même. Toutes les autres espèces n’ont de sens et de valeur que dans la mesure où elles servent nos objectifs. En effet, les forces de notre système économique (notamment Big Oil et ses complices) semblent tendre vers l’état de « zéro empathie », une caractéristique des personnalités psychopathes ou narcissiques.
La communauté de la Terre a une nature auto-émergente, inter-dépendante et coopérative. Nous, les humains, n’avons aucune substance ou réalité qui soit séparée de cette communauté.
Thich Nhat Hanh parle de notre « inter-être » : nous et les autres espèces sommes « inter-êtres ».
Si nous fondons notre vie et notre conduite sur cette vérité, nous transcendons l’idée que la pratique bouddhiste se déroule dans un cadre religieux qui ne favorise que notre propre éveil individuel.
Nous réalisons l’importance d’intégrer la pratique de la pleine conscience dans les activités de la vie quotidienne. Et si nous considérons réellement la Terre Mère comme une communauté intégrale et un témoin de l’Eveil, n’avons-nous pas la responsabilité de la protéger par un « activisme sacré » en pleine conscience ?
Comme l’Illumination du Bouddha nous le rappelle, notre Éveil est également lié à la Terre.
La Terre a témoigné pour le Bouddha, et maintenant la Terre a besoin que nous témoignions -de son dhyana, de sa constance, de la matrice de soutien qu’elle fournit continuellement aux êtres vivants. Il faut de nouveaux types de bodhisattvas -des « écosattvas »- qui associent la pratique de la transformation de soi à la dévotion pour la transformation sociale et écologique. Oui, nous devons écrire des lettres et des courriels au président, dans l’espoir d’influencer sa décision. Mais nous devrons peut-être aussi envisager d’autres stratégies si ces appels sont ignorés, comme la désobéissance civile non violente. En effet, cette décision ne concerne pas seulement le plafond de la dette financière. Il s’agit du plafond de carbone de la Terre. Il s’agit du plafond de survie de l’humanité. La Terre est notre témoin.
John Stanley et David Loy dirigent et conseillent le projet Ecobuddhism qui se consacre à l’exploration d’une réponse bouddhiste au réchauffement climatique. Voir leur site : www.ecobuddhism.org (*) (en français).
Traduction : Joshin Sensei
(*) D’abord, autant que possible, je cite mes sources ; mais aussi souvent j’indique des sites qui me semblent être intéressants, mais cela ne veut pas dire que je cautionne tout ce qui s’y trouve. À chacun.e de prendre ce qui l’intéresse, et de questionner ce qui doit être questionné.
Joshin Sensei
Daishin n°277 – Novembre 2021
« On a ressenti un gros pincement au cœur quand on a vu le tractopelle entrer, fouler le sol, un sol travaillé depuis cent ans par des jardiniers, raconte-t-il, d’une voix cassée par l’émotion. Voir un tractopelle tout saccager avec ses grosses chaînes, regarder le bras détruire des cabanes et la grande tour… c’était dur ».
Les forces de l’ordre ont expulsé jeudi 2 septembre les activistes qui défendaient les jardins ouvriers d’Aubervilliers. Dix-neuf parcelles vont être englouties par la construction d’un solarium. Les habitants dénoncent un projet inutile et une bétonisation incessante ».
https://reporterre.net/A-Aubervilliers-l-ecoeurement-apres-la-destruction-des-jardins-ouvriers
Le bouddhisme offre-t-il une perspective particulière sur la crise écologique ? Ses enseignements impliquent-ils une manière différente de comprendre la biosphère, et notre relation avec elle, qui puisse réellement nous aider à ce moment critique de l’histoire où nous faisons tant pour la détruire ? Un numéro composé principalement de la traduction d’un texte de D. Loy : « Healing Ecology ». Parce que les Enseignements ne sont pas une façon de se replier sur « soi » -quel soi ?!- mais une réflexion sur ce que signifie être humain, vivre sur la terre en tant que « frères et sœurs des oiseaux… »…
Sommaire
Planning et Uposatha
La Terre, témoin de l’Eveil J. Stanley, D.Loy
Engagement ? Joanna Macy, Joshin Sensei
Une écologie guérisseuse D. Loy
Pour une écologie poétique E. Morin, Joshin Sensei
Illustrations : Reporterre – Bastamag – Anne / Yvon – Marcelo – Joshin Sensei
Planning et Uposatha
Joshin Sensei :
Paris : samedi 2 Octobre.
La Trappe (Normandie) : retraite du vend. 24 au dimanche 26 septembre.
Aix en Provence : samedi 9 octobre. https://www.montagnes-et-forets-du-zen.org/retraites-et-journees
La Demeure sans Limites
– Mardi 5 : Journée de Bodhidharma, (voir ci-dessous).
– Du vendredi 15 au dimanche 17 : « Faire et ne pas faire. Et si nous osions le non-faire ? »
Du vend. 29 oct. au lundi 1er novembre : « Les quatre actions unifiantes du bodhisattva ». https://www.larbredeleveil.org/lademeuresanslimites/programmes-de-la-demeure-sans-limites/
Uposatha :
Lune nouvelle : mercredi 6,
Pleine lune : mercredi 21, lune des choux et des fraisiers. Pour nous rejoindre : https://framadate.org/7lbjPfVDI2BUvFJ8
Le jour de Bodhidharma :
– Le 5 octobre, gratitude pour le « barbare » qui a transmis le Dharma d’Inde en Chine.
Daishin n° 276 – octobre 2021
Un numéro spécial : les Jatakas,
quand le Bouddha n’était pas encore Bouddha …
« J’ai mis un certain temps à apprécier les Jatakas, avec ses fables et son merveilleux. Et puis, ils sont souvent présentés comme « contes », ce qui nous fait penser qu’ils sont seulement pour les enfants…nous avons perdu, je pense, le goût des contes et du merveilleux, le goût des morales et des fins heureuses…
Mais les Jatakas sont présents partout en Asie du Sud-Est aux frontons des temples, dans les illustrations au quotidien, dans les paroles des chanteurs et des poètes.
Le Bouddha, pas encore Bouddha, y apparaît sous plein de formes différentes, souvent animales : cerf, poisson, tortue, lièvre ou éléphant ; bien sûr aussi humaines : prince, mendiant, voleur ou même végétale : lierre ou buisson.
Alors, j’ai insisté, je les ai lus et relus, pour comprendre ce qui s’y passait… » Joshin Sensei
Programme et Uposatha
Joshin Sensei
-Paris : samedi 2 Octobre.
-La Trappe (Normandie) : retraite du vend. 24 au dimanche 26 septembre.
-Aix en Provence : samedi 9 octobre. https://www.montagnes-et-forets-du-zen.org/retraites-et-journées
La Demeure sans Limites
– Mardi 5 : Journée de Bodhidharma, (voir ci-dessous).
– Du vendredi 15 au dimanche 17 : « Faire et ne pas faire.
Et si nous osions le non-faire ? »
– Du vend. 29 oct. au lundi 1er novembre : « Les quatre actions unifiantes du bodhisattva ». https://www.larbredeleveil.org/lademeuresanslimites/programmes-de-la-demeure-sans-limites/
Uposatha :
– Lune nouvelle : mercredi 6,
– Pleine lune : mercredi 21, lune des choux et des fraisiers.
Pour nous rejoindre : https://framadate.org/7lbjPfVDI2BUvFJ8
Le jour de Bodhidharma : – Le 5 octobre, gratitude pour le « barbare » qui a transmis le Dharma d’Inde en Chine
Sommaire
Planning et Uposatha
Apprentissage de la « compassion habile » Joshin Sensei
Les Jatakas : sur l’étal des marchés… Rafe Martin
Un autre regard Supriya Rai
Le cerf doré
Autres Jatakas : http://larbredeleveil.org/ daishin/lespritvaste/2019/10/22/les-carnets- de-la-sangha/
Illustrations : Madras Courrier, British Library, scroll.in.